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à

Gandelu

           

 

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histoire récente - L'AVENTURE DU CSA

 

Jacky Boucaret    Septembre 2003

 

L’AVENTURE DU CSA

 

 

 

 

 ( Quand Gandelu était au km 24,675 ?)     

  Les  habitants de Gandelu, dans la première moitié du siècle  profitaient  d’une animation,qui malheureusement a cessé , avec la présence du CSA  ce chemin de fer d’intérêt  local qui desservait les communes du sud de l’Aisne.

 

Historique

Situons d’abord le contexte national ;

La construction des réseaux de chemins de fer français s’est réalisée en 3 temps :

1.      Sous Napoléon III  furent construites les   lignes reliant  Paris  aux principales villes de province

2.      Dès 1878  celles reliant les sous préfectures

3.      Et enfin sous l’égide des conseils généraux et de municipalités  les lignes d’intérêt local dites  « à voie étroite «  avec des écartements de voie et des modes de tractions les plus variées. Les budgets de ces lignes construites économiquement prévoyaient dès leur construction des déficits d’exploitation.

Ces réseaux, pourtant nombreux au début du siècle ,ont presque tous disparus  (l’Aisne fut le département français titulaire du réseau secondaire le plus complexe).

Gandelu  comme bien des villages de province a vécu cette aventure  ferroviaire. La construction d ‘une ligne passant par notre village  fut envisagée dès 1885,l’étude fut longue car de nombreux problèmes (financiers et techniques) devaient être résolus ;Déclarée d’utilité publique en 1906   c’est seulement en 1907 que commencèrent les travaux financés par le conseil général de l’Aisne, l’état et la Sucrerie de Neuilly st Front  .

Le 18 avril 1910 la section Essomes  Gandelu était ouverte soit 47 km . L’ouverture du réseau complet soit Château Thierry  --Mareuil et Essomes  -Verdelot ( 82 km), fut inaugurée le 26 septembre   1910   .

La gestion fut confiée pour 60 ans à la Compagnie  des chemins de fer  du sud de l’Aisne : CSA  nom que  le petit train   portera durant 35 ans   .

Le CSA fut construit sur la voie publique ( rails au milieu de la chaussée) dans les traversées de Château Thierry et d’Essomes,  souvent en accotement de la route  (Eloup –Gandelu  ,Brumetz ou Montigny).

Le parcours

 Des pont furent construits :

·        pont de Brasles qui  comprenait 2 arches et mesurait 77m ,il permettait la circulation mixte des automobiles et du rail .IL fut détruit en 1918 reconstruit en 1920 ,détruit à nouveau  en 1940 il ne fut jamais reconstruit  

·        ponts d’Azy ,Vaux ,Bussiares ,Gandelu ,Mareuil .

Le dépôt principal du matériel et de réparations se situait à proximité du  terminus de Château   près de la gare des chemins de fer de l’est, actuelle gare SNCF .

, La ligne longeait les quais de Brasles, desservait les quartiers centraux et le port fluvial puis elle, gagnait le carrefour de la Girafe  lieu de  vente des billets  à l’hôtel du même nom .  .Ensuite  direction  la gare d’ Essomes ou  se situait la bifurcation vers Verdelot puis vers les gares de Monneaux (halte) ,Vaux ,Bouresche, Belleau ,Torcy –Clignon, , haltes à Bussiares et Eloup ( les cabines sont toujours en place ,Veuilly la Poterie et enfin Gandelu  après 25 km à 15 km/h soit un trajet de1h 40 minutes . Après Gandelu la ligne se séparait ;d’un côté en direction de Mareuil via les gares de Brumetz et Montigny et de l’autre via la halte de  Vinly,et les gares de Chézy,Dammard ,Monnes halte à Remonvoisin ,gare de Neuilly,halte de la sucrerie et enfin  terminus juste avant l’actuelle gare SNCF  de Neuilly.

La partie sud du CSA partait de Essomes  terminus Verdelot  via Aulnois ,Azy, Chézy sur marne,Les Roches, Montfaucon,Rozoy ,L’épine ,Viels maisons et Cornoult

Le Matériel

A Gandelu le bâtiment principal  n’avait pas d’étage,  une halle en bois pour servait au stockage des marchandises, un quai de déchargement, une plaque tournante, une grue de 5 tonnes 2 voies de circulation, une voie de garage avec voie   tiroir  et une voie de débord. En 1923 fut construit une remise-atelier pour les autorails et un dortoir .en direction de Brumetz la ligne franchissait deux ponts ,un pour passer une zone marécageuse après un remblai et un second pour passer le Clignon  à côté du pont Rouge .

 Madame Charley bien connue des habitants originaires de Gandelu  vendait les billets ( en papier vert ) , son mari  travaillait     Mr Bunel le mecanicien à moustaches  conduisait la locomotive

 

A l’origine il y avait 8 locomotives  d’une longueur de 6 m : « 030t Pinguely type 107 »numérotés de 15 à 22 ;  les wagons de   étaient de  couleur verte .

 

L’exploitation :

  Avant 1914 chacune des 3 lignes étaient desservies par 3 allez-retour quotidiens avec des trains mixtes  voyageur – marchandises. Les 1eres classes étaient équipées de  sièges en cuir havane et des 2emes classes ,de sièges en lattes de bois , les wagons de marchandises étaient peints en  gris

 L’exploitation fut interrompue en août 1914 et de mai à juillet 1918 lors des offensives et contre-offensives des Allemands et Alliés. L’exploitation continua  toutefois par la route à l’aide de camion  De Dion  (photo).

 La  guerre  avait  fait de très gros dégâts et  la  remise en état du réseau   mis en difficulté  financière la cie gestionnaire qui fut appelée   alors « la compagnie sans argent » CSA

Le deuxième souffle

 Les locomotives  à vapeur étant coûteuses  et la fréquentation des voyageurs   en diminution, il fut alors décidé de mettre en place dès 1923  un autorail économique   « la pétrolette «  ( photo) ces autorails   Tartary type  A numérotés 1 et 3  pouvaient  accueillir 24 places assises et 8 debout ; et tracter des remorques de 700 k. C’est l’entreprise Tartary qui eu l’idée de transformer en autorails d’anciennes ambulances  à moteurs GMC 18 cv   de l’armée américaine, en les dotant de  roues  ferroviaires à boudins. C’est ainsi que l’exploitation a pu continuer  après 1931 avec  : 2 autorails journaliers dans chaque sens, un train à vapeur le vendredi jour de marché et des trains spéciaux pour la fête à Jean et le mémorial de Belleau.

Le trafic était mixte voyageurs –marchandises sauf durant la période des betteraves ( 1/10 au 31/12)    ,les marchandises étaient principalement les betteraves, la pulpe et la production des scieries de Brumetz et de  Torcy

Bien que transportant environ 125000 voyageurs par an et 31000 tonnes de marchandises la gestion du CSA fut toujours déficitaire comme d’ailleurs tous les trains « à voie métrique « .En 1911 la cie employait 114 personnes ,en 1926: 73 personnes et en 1932 :64 personnes

La fin

Devant les difficultés financières et l’arrivée du transport par route la gestion de  section du sud en direction de Verdelot fut arrêté  en août 1938 et la ligne déposée  en novembre 1939 pour financer l’achat d’autobus.

La section Château – Mareuil fut maintenue jusqu’en avril 1942  pour le trafic voyageurs date à laquelle elle fut définitivement fermée  suite aux conséquences de la guerre (la section Torcy –château fut déposée en 1944 )

La sucrerie Say qui continuait d’utiliser la ligne pour le transport des betteraves racheta la concession (Veuilly Montigny et Gandelu Neuilly) le 25 avril 1950 Avec 2 locomotives et 47 « wagons tombereaux « La section Monnes –Neuilly  (8 km) fut exploité jusqu’en 1961.

 ,  le département vendit les bâtiments de gares à des particuliers

Ainsi finit la belle aventure de ce petit train qui  marqua    l’environnement et fut la fierté des habitants de Gandelu. Certains se souviennent, les uns pour être en photos avec leurs parents sur la carte postale immortalisant le passage de la locomotives, les autres pour avoir poussé le train trop chargé dans la pente de Veuilly ou tout simplement pour avoir emprunté le CSA pour se rendre au marché du vendredi à Château  Thierry . Bien entendu c’est la populaire  « Pétrolette «  qui reste dans les mémoires  et qui en 1936 avait déclenché  une polémique  quant à l’aspect peu flatteur que donnait cet autorail pour la région.Le CSA comme tous les trains à voie étroite à été victime de son coût avec les conséquences sur l’entretien, sa situation en accotement de la route et son passage en ville au milieu de la chaussée, du désintérêt des élus qui rechignaient à investir, de la concurrence de la route, de l’incompatibilité du raccordement aux autres lignes et du coup de grâce de la guerre 1939-1945.

On ne peut bien entendu pas revenir en arrière mais on peut se prendre à rêver que ce petit train circule encore , ne serait ce que pour l’aspect touristique . Si vous observer le paysage sur le parcours (disponible sur demande ) vous pouvez facilement observer les gares qui sont presque toutes encore debout ,2 guérites      des traverses qui restent enfouies dans la terre ,les piliers d’un pont et même une plate-forme d’aiguillage. Il y a peut-être     une idée de randonnée «  à la recherche du parcours  du CSA «   24km675….!

Je tiens à remercier M. lucien Boudeville, Mme cécile Magris, M. jean  Pitois, Jacky Magris et Mme Danré  qui par leurs souvenirs et documents m’ont aidé à retrouver la trace de notre petit train. 

 

 


Auteur jacky Boucaret