L’AVENTURE
DU CSA


( Quand Gandelu était au km 24,675 ?)
Les habitants de Gandelu,
dans la première moitié du siècle profitaient
d’une animation,qui malheureusement a cessé , avec la
présence du CSA ce chemin de fer d’intérêt
local qui desservait les communes du sud de l’Aisne.
Historique
Situons
d’abord le contexte national ;
La construction des réseaux de
chemins de fer français s’est réalisée en 3 temps :
1.
Sous Napoléon III
furent construites les lignes reliant
Paris aux principales villes de province
2.
Dès 1878
celles reliant les sous préfectures
3.
Et enfin sous l’égide des
conseils généraux et de municipalités les lignes
d’intérêt local dites « à voie étroite « avec des écartements de
voie et des modes de tractions les plus variées. Les budgets de ces
lignes construites économiquement prévoyaient dès leur construction
des déficits d’exploitation.
Ces réseaux, pourtant nombreux au
début du siècle ,ont presque tous disparus
(l’Aisne fut le département français titulaire du réseau secondaire
le plus complexe).
Gandelu comme
bien des villages de province a vécu cette aventure
ferroviaire. La construction d ‘une ligne passant par notre
village fut envisagée dès 1885,l’étude fut
longue car de nombreux problèmes (financiers et techniques) devaient
être résolus ;Déclarée d’utilité publique en 1906
c’est seulement en 1907 que commencèrent les travaux financés
par le conseil général de l’Aisne, l’état et la Sucrerie de Neuilly
st Front .
Le 18 avril 1910 la section Essomes
Gandelu était ouverte soit 47 km . L’ouverture du réseau
complet soit Château Thierry --Mareuil et
Essomes -Verdelot ( 82 km), fut inaugurée le 26
septembre 1910 .
La gestion fut confiée pour 60 ans à
la Compagnie des chemins de fer
du sud de l’Aisne : CSA nom que
le petit train portera durant 35 ans .
Le CSA fut construit sur la voie
publique ( rails au milieu de la chaussée) dans les traversées de
Château Thierry et d’Essomes, souvent en
accotement de la route (Eloup –Gandelu
,Brumetz ou Montigny).
Le parcours
Des pont furent
construits :
·
pont de Brasles
qui comprenait 2 arches et mesurait 77m ,il
permettait la circulation mixte des automobiles et du rail .IL fut
détruit en 1918 reconstruit en 1920 ,détruit à nouveau
en 1940 il ne fut jamais reconstruit
·
ponts d’Azy
,Vaux ,Bussiares ,Gandelu ,Mareuil .
Le dépôt principal du matériel et de
réparations se situait à proximité du terminus
de Château près de la gare des chemins de fer
de l’est, actuelle gare SNCF .
, La ligne longeait les quais de
Brasles, desservait les quartiers centraux et le port fluvial puis
elle, gagnait le carrefour de la Girafe lieu de
vente des billets à l’hôtel du même nom .
.Ensuite direction la
gare d’ Essomes ou se situait la bifurcation
vers Verdelot puis vers les gares de Monneaux (halte) ,Vaux ,Bouresche,
Belleau ,Torcy –Clignon, , haltes à Bussiares et Eloup ( les cabines
sont toujours en place ,Veuilly la Poterie et enfin Gandelu
après 25 km à 15 km/h soit un trajet de1h 40 minutes . Après
Gandelu la ligne se séparait ;d’un côté en direction de Mareuil via
les gares de Brumetz et Montigny et de l’autre via la halte de
Vinly,et les gares de Chézy,Dammard ,Monnes halte à
Remonvoisin ,gare de Neuilly,halte de la sucrerie et enfin
terminus juste avant l’actuelle gare SNCF de Neuilly.
La partie sud du CSA partait de
Essomes terminus Verdelot
via Aulnois ,Azy, Chézy sur marne,Les Roches, Montfaucon,Rozoy
,L’épine ,Viels maisons et Cornoult
Le Matériel
A Gandelu le bâtiment principal
n’avait pas d’étage, une halle en bois
pour servait au stockage des marchandises, un quai de déchargement,
une plaque tournante, une grue de 5 tonnes 2 voies de circulation,
une voie de garage avec voie tiroir
et une voie de débord. En 1923 fut construit une
remise-atelier pour les autorails et un dortoir .en direction de
Brumetz la ligne franchissait deux ponts ,un pour passer une zone
marécageuse après un remblai et un second pour passer le Clignon
à côté du pont Rouge .
Madame Charley
bien connue des habitants originaires de Gandelu
vendait les billets ( en papier vert ) , son mari
travaillait Mr Bunel le mecanicien à
moustaches conduisait la locomotive
A l’origine il y avait 8 locomotives
d’une longueur de 6 m : « 030t Pinguely type 107 »numérotés
de 15 à 22 ; les wagons de
étaient de couleur verte .
L’exploitation :
Avant 1914
chacune des 3 lignes étaient desservies par 3 allez-retour
quotidiens avec des trains mixtes voyageur –
marchandises. Les 1eres classes étaient équipées de
sièges en cuir havane et des 2emes classes ,de sièges en
lattes de bois , les wagons de marchandises étaient peints en
gris
L’exploitation
fut interrompue en août 1914 et de mai à juillet 1918 lors des
offensives et contre-offensives des Allemands et Alliés.
L’exploitation continua toutefois par la route à
l’aide de camion De Dion
(photo).
La
guerre avait fait de
très gros dégâts et la
remise en état du réseau mis en difficulté
financière la cie gestionnaire qui fut appelée
alors « la compagnie sans argent » CSA
Le deuxième souffle
Les locomotives
à vapeur étant coûteuses et la
fréquentation des voyageurs en diminution, il
fut alors décidé de mettre en place dès 1923 un
autorail économique « la pétrolette « ( photo)
ces autorails Tartary type
A numérotés 1 et 3 pouvaient
accueillir 24 places assises et 8 debout ; et tracter des remorques
de 700 k. C’est l’entreprise Tartary qui eu l’idée de transformer en
autorails d’anciennes ambulances à moteurs GMC
18 cv de l’armée américaine, en les dotant de
roues ferroviaires à boudins. C’est ainsi
que l’exploitation a pu continuer après 1931
avec : 2 autorails journaliers dans chaque sens, un train à vapeur
le vendredi jour de marché et des trains spéciaux pour la fête à
Jean et le mémorial de Belleau.
Le trafic était mixte voyageurs
–marchandises sauf durant la période des betteraves ( 1/10 au 31/12)
,les marchandises étaient principalement les betteraves, la pulpe
et la production des scieries de Brumetz et de
Torcy
Bien que transportant environ 125000
voyageurs par an et 31000 tonnes de marchandises la gestion du CSA
fut toujours déficitaire comme d’ailleurs tous les trains « à voie
métrique « .En 1911 la cie employait 114 personnes ,en 1926: 73
personnes et en 1932 :64 personnes
La fin
Devant les difficultés financières
et l’arrivée du transport par route la gestion de
section du sud en direction de Verdelot fut arrêté
en août 1938 et la ligne déposée en
novembre 1939 pour financer l’achat d’autobus.
La section Château – Mareuil fut
maintenue jusqu’en avril 1942 pour le trafic
voyageurs date à laquelle elle fut définitivement fermée
suite aux conséquences de la guerre (la section Torcy
–château fut déposée en 1944 )
La sucrerie Say qui continuait
d’utiliser la ligne pour le transport des betteraves racheta la
concession (Veuilly Montigny et Gandelu Neuilly) le 25 avril 1950
Avec 2 locomotives et 47 « wagons tombereaux « La section Monnes
–Neuilly (8 km) fut exploité jusqu’en 1961.
,
le département vendit les bâtiments de gares à des
particuliers
Ainsi finit la belle aventure de ce
petit train qui marqua
l’environnement et fut la fierté des habitants de Gandelu. Certains
se souviennent, les uns pour être en photos avec leurs parents sur
la carte postale immortalisant le passage de la locomotives, les
autres pour avoir poussé le train trop chargé dans la pente de
Veuilly ou tout simplement pour avoir emprunté le CSA pour se rendre
au marché du vendredi à Château Thierry . Bien
entendu c’est la populaire « Pétrolette « qui
reste dans les mémoires et qui en 1936 avait
déclenché une polémique
quant à l’aspect peu flatteur que donnait cet autorail pour la
région.Le CSA comme tous les trains à voie étroite à été victime de
son coût avec les conséquences sur l’entretien, sa situation en
accotement de la route et son passage en ville au milieu de la
chaussée, du désintérêt des élus qui rechignaient à investir, de la
concurrence de la route, de l’incompatibilité du raccordement aux
autres lignes et du coup de grâce de la guerre 1939-1945.
On ne peut bien entendu pas revenir
en arrière mais on peut se prendre à rêver que ce petit train
circule encore , ne serait ce que pour l’aspect touristique . Si
vous observer le paysage sur le parcours (disponible sur demande )
vous pouvez facilement observer les gares qui sont presque toutes
encore debout ,2 guérites des traverses qui
restent enfouies dans la terre ,les piliers d’un pont et même une
plate-forme d’aiguillage. Il y a peut-être là
une idée de randonnée « à la recherche du parcours
du CSA « 24km675….!
Je tiens à remercier M. lucien
Boudeville, Mme cécile Magris, M. jean Pitois,
Jacky Magris et Mme Danré qui par leurs
souvenirs et documents m’ont aidé à retrouver la trace de notre
petit train.

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