L'histoire

à

Gandelu

           

 

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 LE SIECLE D'ANNE DE MONTMORENCY

 


Jacky Boucaret 
Mai 2008

Voici la suite de l'histoire de Gandelu avec la construction du château renaissance , la reconstruction de l'église et certainement la période ou notre village rayonna  le plus. Anne de Montmorency y fut pour beaucoup .

 Les notes entre- parenthèses et italiques sont des compléments d'information que je me suis permis d'ajouter au texte initial

Anne de Montmorency 15 mars 1493 - 1567

Portrait du connétable Anne de Montmorency au musée du Louvre - Paris

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Notice historique de Gandelu

annales de la société historique et archéologique de Château-Thierry ( parues en 1875)

 5 ème  partie

 

Les dons successifs faits par les rois jettent un peu de confusion dans la succession des seigneurs de Gandelu   au commencement du 16ème siècle Jean Lallier figure dans le procès -verbal de réformation de la coutume de Vitry  comme seigneur de Gandelu. Il avait pou femme Anne Lemaître

Il céda à cens les moulins de Gandelu et de Dame-sainte qui jusque là avaient fait partie du domaine du Château  et pris des arrangements avec  le seigneur de Villers (Villers le Vaste ?) au sujet du bois compris dans la gruerie de Gandelu.

En 1526, François 1er fit don à Madeleine de Savoie, à l'occasion de son mariage avec Anne, duc de Montmorency (Anne de Montmorency élevé avec François premier il est son favori, fait prisonnier avec le roi à la bataille de Pavie en 1525 ; partisan de la paix avec Charles quint il est écarté du pouvoir en 1541 puis rappelé par Henri II il se montre intangisant  en matière de religion  et pousse le roi à persécuté les protestants. En 1557 il participe à la bataille de ST Quentin contre les troupes espagnoles de Philippe II il est blessé et capturé. Sous françois II, il est à nouvel écarté du pouvoir puis rappelé par Catherine de Médicis à l'avènement de Charles IX ; il succombe en 1567 des suites d'une blessure lors de la bataille de  St Denis ou il affrontait  Condé), de la baronnie de Fère en Tardenois  et des seigneuries de Gandelu et de St Ulier

La seigneurie de Gandelu n'était pas entière ; Une partie était entre les mains de Philippe Chabot, deuxième fils de Jacques Chabot seigneur de Jarnac et de Brion.Philippe Chabot s’était attaché à François premier alors qu'il n'était que comte d'Angoulême; le roi se montra d'une grande bienveillance envers lui et le nomma successivement: gouverneur du duché de Valois le 28 octobre 1524 amiral de France le 23 mars  1525 et  gouverneur de Bourgogne Sa terre de Buzançais fut érigée en comté par lettres données à Marseille, au mois de novembre 1533.

Plus tard, François 1er fit racheter, moyennant vingt mille livres tournois par  Guillaume Prud’homme, son conseiller et général de finances » toute telle part que le comte de Buzançais avait en la terre de Gandelu «  et cette part resta au nom de Guilhomme Prud’homme jusqu'à la mort de celui-ci. Le roi donna alors cette partie de la seigneurie de Gandelu à Marie de Montchenu, damoiselle de Massy pour la récompenser «  des bons et recommandables services qu'elle avait faits et continuait à faire à la reine et à sa fille Marguerite de France « (lettres patentes du mois de mars 1543.Ces lettres furent entérinées à la cour des comptes le 19 mars et les trésoriers de France donnèrent le 22 du même mois, leur assentiment à la prise de possession. Les lettres du roi et les deux autres pièces ont été publiées dans les annales de la société historique de Château-thierry.

Un compte des dépenses et recettes  de la terre et seigneurie et chastellerie de Gandelu pour 1553-1554 (compte troisième que rend  Anthoine Bourgeois, receveur de la terre ,seigneurie et chastellerye de Gandelus  a hault et puissant seigneur monseigneur messire Anne de Montmorency, pair, connétable de France  seigneur en partie de Gandelu, pour ung ab commençant au jour sainte  Marie Magdelaine l’an mil cinq cent cinquante  trois et finissant à pareil jour mil cinq cens cinquante quatre)  fait connaître que mademoiselle de Massy n'avait pas tout à fait la moitiè de la seigneurie. Le connétable de Montmorency possédait, outre une moitié « trois parts, à un quart dont les huit font le quart »  Il finit par réunir tout le domaine ; à Courchamp, il n'avait aussi que la moitié et les trois parts de huit à un quart; le surplus appartenait à Nicolas de Rony qui lui céda en 1554. Le connétable de Montmorency fit reconstruire  l'église de Gandelu. Les bâtiments du château étaient en mauvais état; il fit réparer ceux qui pouvaient être conservés et fit édifier à côté, dans l'ancienne enceinte, un nouveau château composé d'un corps d'hôtel et de deux pavillons. Les travaux commencèrent en 1554; cette date est indiquée par un article du compte cité plus haut: ( A esté payé à un messager pour avoir venu à Gandelu de Meaux apporter une missive et un pourtraict pour reddifier le château dudit GandeluVI soy tournois ) .

Les travaux étaient terminés en 1564 ; un autre compte de recettes et dépenses  pour l'année 1564 ( compte treiziesme que rend Anthoine Bourgeois, receveur de la terre seigneurie  et chastellerie de Gandeluz, a hault et puissant seigneur monseigneur Anne de Montmorency, duc pair et connestable de France,seigneur de Gandeluz.....depuis le dernier jour de décembre mil cinq cens soixante trois  jusqu’à pareil jour ensuyvant mil cinq cens soixante quatre ) donne des détails intéressants su les frais de construction. La maçonnerie seule du corps d'hôtel et d'un des pavillon, ( du côté du cimetière ) a coûté 14,917 livre 18 s.8d . Le pavillon, du côté de l'église, a été élevé sur l'emplacement d'un autre faisant partie des anciens bâtiments. La plupart des ouvriers charpentiers, menuisiers, etc...étaient  de Fère-en-tardenois. Ce sont ceux probablement qui avaient travaillé au château que le connétable venait de faire construire dans cette ville. Les  charpentes ont été fournies par la forêt de Fère. Nous ajouterons que les pierres ont été extraites sur le terroir de Gandelu ; il y avait, en effet, quatre carrières dépendant  de la seigneurie; une près de Saint-Martin le pauvre  et du chemin de Gandelu à Marigny; deux à la montagne  d’heurteville et la quatrième près du chemin du Château, à la maladrerie.

Il ne reste plus des bâtiments de ce château qu'une partie du mur du pavillon, du côté de l'église, et le mur de la terrasse. Ce château construit dans le style renaissance, offrait un bel aspect; le dessin en a été publié dans les annales de la sté historique de Château-thierry en 1870.

Le connétable de Montmorency mourut, âgé de 74 ans, au mois de novembre 1567

Cinq ans auparavant la princesse de Condé était venue chercher un refuge à Gandelu et y était accouchée. Elle avait quitté Meaux pour aller habiter le château de Muret  «  c'était, dit M Antony Poilleux, le jour de Pâques 1562; elle rencontra à Lizy sur Ourcq une procession ; ses pages raillèrent les ecclésiastiques et les assistants les poursuivirent jusqu'à la litière de leur maîtresse qui effrayée, se trouva indisposée et accoucha  à Gandelu  de deux enfants dont l'un ne vécut que deux jours l'autre,  Charles, ( de Bourbon ; il  fut cardinal archevêque de Rouen:  voir article dans la gazette et sur le site)   mourut à trente et un an. Après être relevée de ses couches, elle se retira à  Muret.

La chronique novennaire donne une autre version  de cet incident; la princesse aurait été  épouvantée de quelques cavaliers  sortis de Château-Thierry, qui la pensèrent perdue sur le chemin d'Orléans  ou elle allait pour y trouver le prince son mari.
Charles, cardinal de Bourbon, mourut le 30 juillet 1594 en son hôtel du faubourg st Germain à Paris. C'était le chef du tiers parti.  Sur sa mort, raconte Pierre de l'Estoile, furent semées à Paris  les suivantes médisances que j'ai recueillies entre beaucoup d'autres :

Les  durets et maître Guillaume ont perdu leur maître à ce coup, c'est à eux de dire un sept psaume, la France ne perd pas beaucoup

Madeleine  de Savoie  «comme ayant le pouvoir de tous et chacun  des biens, terres et seigneuries délaissées par le trèpas de son époux, le connétable de Montmorency, fit, le 4 mars 1582, l'aveu et le dénombrement de la terre de Gandelu »  la copie collationnée de cet aveu n'a pas moins de 46 pages in-folio. Nous citerons quelques passages qui donnent des détails intéressants sur l'état de Gandelu à cette époque.

«  Tenons et avouons tenir nument et sans moyens de très haut  et très illustre et très magnanime prince Monseigneur François, frère unique du roi, duc d'Anjou, d'Alençon  d'Evreux et de château- Thierry, notre terre, seigneurie et chastellerie de Gandelu, ses appartenances et dépendances, fief et seigneurie de Courchamp, tant en fief qu'en membre fief et autres droits.. » Château à pavillon et toits, aussi à plusieurs corps d'hôtel de présent couvert d'ardoises, pressoir, colombier et estables couverts de tuiles, un petit jardin et à arbre, cour, puits, le tout  fermé et enclos de murailles et fossés à l'entour, ces pourtours d'icelui devant la porte du pavillon une terrace servant d'aisance et autre aisance depuis ce lieu jusqu'à la rue allant dudit Gandelu à Prémant et en laquelle aisance nul n'a droit par ce que icelle nous appartient pour en disposer à notre plaisir. Auquel pressoir à vin qui est dans la cour du château les habitants de Gandelu et Prémant sont tenus aller préparer leurs vins.

«  Les droits de la justice haute, moyenne et basse de ladite château, terre et seigneurie de Gandelu, ses appartenances et dépendances, pour l'exercice de laquelle sont crées en ladite chastellerie, un présent, bailli, lieutenant, greffier et sergent qui résident en la ville de Gandelu ;

«  lesquels connaissent de tous cas appartenans à connoistre à tels juges de châtellerie,dont ledit prévost a en premier lieu la connoissance des  des nobles de ladite chatellerie ensemble de nos droits et la réformation dudit prévost et de ce qui est au-dedans dudit bailliage .

«  Lesquels Prévost et bailli ou leurs lieutenants exercent leur juridiction par chacune semaine de l'an en ladite ville de Gandelu, savoir: notredit bailli le jour de lundi et le Prévost le jour de samedi ;

« au bailli appartient la correcion et réformation des appellation interjetées des sentences dudit prévost ou son lieutenant et des mairies de justice de Courchamps, saint-Jangoul,Vinly et Boullerre,étant de la châtellerie et sujet à la réformation dudit bailli qui tient son assise chacun audit Gandelu ,ou sont tenus assister lesdits  prévost et maires dessus dits, sujet audit bailli,aussi notre procureur  fiscal  de nostre chastellerie,les sergents ordinaires d'icelle et des mairies susnommées le gruyer de la chastellenie et les sergents et officiers de la gruerie pour ouir les réformations,injonctions et ordonnances qui leur sont faites par ledit bailli et rèpondre aux plaintes qui font contre eux .

« A  présent n'y a que bailli et gruyer et leurs lieutenants et non prévost, suivant l'édit de réunion fait en 1563.A la  place de la ville, près la halle, il y a un quarquant ; Et aussi justice à quatre piliers au bout du terroir dudit Gandelu, attenant à celui de Coulombs, plusieurs exécutions ont été faites de délinquants et malfaiteurs qui se sont trouvés en ladite chastellenie.

« Sous la justice sont institués par le bailli ou son lieutenant, le procureur fiscal prèsent, les maires, greffiers et sergents de ville ci après déclarées, savoir: à Saint-Gangoul, un maire, un greffier, un sergent; à Vinly, un maire, un greffier et un sergent ; à Courchamps, un maire, greffier et sergent.

« Dans la limite de la seigneurie sont crées clercs, jurés, notaires sous les provisions que nous leur baillons. A présent sont pourvues trois personnes et peuvent recevoir tous contrats permis aux parties de contracter, étant deux notaires ensemble. Pour la délivrance des grosses, un tabellion juré est constitué par le bailli « 

Coutume. «  La ville de Gandelu est de toute ancienneté ville de loy ou les créanciers d'aucunes dettes peuvent faire saisir et arrêter leurs débiteurs au-dedans de ladite ville et entre les quatre portes d'icelle  sous les obligations et contrats authentiques, même en vertu de cédules confessées ou non confessées et pour les sommes portées par lesdites obligations, contrats et cédules; lesquelles personnes ainsi saisies et arrêtées, sont tenues en telle prohibition qu'elle ne sauraient sortir hors de la ville sans avoir premièrement payé ou avoir congé du juge qui a connoissance dudit arrest ou du créancier, sur peine  de nous payer l'amende de soixante sols ou autre amende arbitraire en laquelle il est condamné « 

Marchés. »En ladite ville de Gandelu, il y a une halle étant assise au carrefour du lieu entre quatre portes ou se tient marché le jeudi de chaque semaine, commençant de dix à onze et finissant de trois à quatre  heures après midi, ou plusieurs habitants de la ville ou autres du plat pays circonvoisin d'icelle exposent leurs marchandises en vente, tant au-dedans de ladite hall qu'à l'environ d'icelle « 

Foires. » Aussi deux foires, la première le jour de la st Michel au mois de septembre, l'autre le jour de la sainte Catherine  au mois de novembre, ayant chacune foire trois jours franc, à savoir la veille et le lendemain, durant lesquels jours les taverniers  sont tenus de mettre hors leur vin et chandelle de cire, sur peine d'amende; tous les débiteurs ayant cette liberté que durant iceux jours leurs créanciers ne peuvent les faire arrêter ni emprisonner sur peine de soixante sols d'amende et des dépens dommages-intrêts « 

gruerie : «  droit de gruerie qui se consiste et étend entre Mareuil,La Ferté  et Nanteuil étant sur la rivière de la marne  allant de Nanteuil au port de Luzancy,retournant au long du ru de courry droit à l'Hôpital  de Sablonnières , Duisy,Vendress,Tremes ,Fury,Crosny,l'hôpital de Moisy et fontaine Louvois ,l'étang de Bourneville jusques au ru d'Alant en retournant contre mont,ainsi que ledit ru se comporte jusqu'au pont du moulin de Rully,en retournant  droit à Chevillon,saint – Gengoul,Vinly,Lucy-le-bocage , Coupru,Domptin et Charly,en retournant au bois Marie  et à Nanteuil-sur-Marne . Dans les limites de la gruerie sont assis et situés Coulombs,Cretigny,Vaux,Bussières, Brumoisel, Herville, Montigny-lalier, Moisy-le-temple, Fulaines, Cerfroy, Louveri, Chezy-en- Orxois, Chevillon, Saint-jeangoulx, Vinly, Veuly, Buissières ,Coupru, Domptin, Marigny, Villiers-sur-Marne, Bézu-le-Guéry, Monthereil-aux-lyons, Sablonnières, Genevroy et Duisy dont le gruyer à toute juridiction « 

Nous laissons de côté les droits de taille, tonlieu, forage, rouage  etc... dont nous avons déjà parlé. La taille n'était plus représentée par une somme fixe; le produit variait  suivant le chiffre  de la population, les hommes  et femmes mariés payaient 12 deniers, les femmes veuves 6 deniers, sous peine de 7 ou 6 deniers, sous peine de d'amende. Les habitants de Gandelu, Prèmant le Glandon, Fontenay. Le Rosne et st Martin le pauvre  y étaient soumis. Le seigneur avait, en outre , droit de corvée pour la réparation des chemins, droit de ban pour la vente de son vin ,droit de péage dans l'étendue de la châtellenie ,dont étaient  exempts les habitants de Château-Thierry , Chézy-l'Abbaye , la Ferté-Gaucher  ,la Ferté-Milon, Jouarre-les-Nonains, Montmirail, Coulombs , Gaignes, Mareuil, la Ferté, Neuilly st front , Oulchy le Chastel; Braine ,Coincy- l'Abbaye, St Giles et Bazoches . La rivière le Clignon lui appartenait depuis le petit moulin, sur la seigneurie  de Vinly  jusqu'à  Cerfroy. Enfin il avait à Cerfroy  ,comme représentant les fondateurs, certains droits honorifiques.

Le domaine du château comprenait la ferme des Granges, celle de l'écluse à Gandelu, celle de Prémant, 734 arpents de bois dans la forêt de Passy et de Chézy,deux garennes, etc....

Gandelu avait sa mesure particulière et les habitants de Marigny de Lucy-le- Bocage ,de Cerfroy et de Vinly étaient tenus d'étalonner leurs mesures à grains et d'ajuster leurs aunes sur les étalons de Gandelu . Les habitants  de Marigny et de Brumetz  étaient sujets au guet au château de Gandelu. Marigny  devait, en outre, pendant la durée des foires, fournir quatre hommes de garde qui étaient nourris par le seigneur  de Gandelu.
Ajoutons, pour terminer, qu'il y avait à Gandelu, une maladrerie  et un Hôtel -Dieu. Ces deux établissements étant de la fondation des seigneurs, avaient  les protections et sauvegarde du seigneur, qui donnait les provisions toutes les fois qu'il à y avait vacance d'administrateurs. Le seigneur avait aussi certains droits honorifiques à Cerfroy .

De nombreux fiefs mouvaient  encore, à cette époque de la Châtellenie de Gandelu : le fief de la Maison du Pré à Montigny-l’allier, le fief, terre et seigneurie de st Gengoulph, avec l’arrière fief de Bonneil; le fief, terres et seigneurie de Marigny, avec plusieurs arrière-fiefs; les fiefs de Villiers-sur-Marne, de Vaurichard  et de Boulerre; enfin le fief des Voiries de Montreuil aux Lions.

Madeleine de Savoie mourut en 1586. Elle laissait de son Mariage avec Anne de Montmorency, François, Henri, Charles, Gabriel, Guillaume, Eléonore, Jeanne, Catherine, Marie, Anne, Louise, et Magdeleine.

Guillaume de Montmorency, seigneur de Thore, avait reçu, dans la succession de son père la terre et seigneurie de Gandelu

Marié en premières noces à Eléonore d’Humières  qui mourut en 1563 sans laisser d’enfants, il épousa en secondes noces Anne de Lalain dont il eut une fille, Madeleine, mariée le 19 juin 1597 à  Henri de Luxembourg, duc de Piney.